Vendredi dernier, c'était Halloween.
Ici tu ne pouvais pas le manquer. La semaine d'avant c'était les Halloween de tout un tas de truc, et le jeudi l'Halloween de l'école. Les enfants avaient pour consigne de venir avec un chapeau rigolo et des chaussettes rigolotes. A 9H, la directrice habillée en gentille sorcière tenait la porte à tous ces petits loulous costumés, c'était ultra-cute. Ils ont eu chacun un petit panier de friandises "healthy", que les parents devaient fournir. Ce qui était marrant c'était la liste de suggestions. Je ne sais pas par quel tour de magie les Goldfish qui sont des Krass-apéro ont réussi à se faire inscrire sur la liste des choses saines. Enfin, c'était super chou. En plus, ce jeudi là, c'était au tour d'Alex de venir lire une histoire à la classe de Corentin. Une fois par semaine, un parent volontaire vient lire une histoire de son choix dans la classe. Je me suis glissée dans le petit cercle des mini spectateurs avec Elina, c'était super mignon. Pour avoir une histoire adéquate, nous étions allés le mardi à la grande librairie, Alex avait pris son temps pour choisir et être bien au point. A cette occasion, nous avons découvert que des "magasins" se créaient avec des grands rayonnages dans les couloirs de la galerie, entièrement consacrés aux costumes d'Halloween. C'est quelques choses. Des tonnes de costumes tout prêt pour tous les goûts, pour tous les âges, des milliers d’accessoires... C'était impressionnant. Dommage, on était fauché comme les blés mais sinon, je nous aurais bien transformés en Harry Potter, Hermione Granger et puis les enfants en Hedwige et Pattenrond. Bref, on ne l'a pas fait.
De toute façon Corentin voulait être Yakari. C'est une question qui est beaucoup posée aux enfants les semaines précédentes: "qu'est-ce que tu veux être pour Halloween".
J'avais grand hâte à ce premier Halloween sur le sol américain. Déjà c'est la fête et moi j'aime les fêtes, mais en plus c'est quand même un peu la fête clichée américaine que j'avais trop hâte de vivre. Alors comme je ne voulais pas rater notre premier Halloween, je pense que pendant un mois, depuis à peu près aussi longtemps qu'il y a des décorations d'Halloween et des bonbons dans les magasins, je demande à tous les gens que je connais ici ce qu'ils prévoient de faire pour Halloween. Ce qui m'a permis de comprendre plusieurs choses qui une fois exposées vont paraître triviales mais qui avaient besoin d'une enquête sociologique approfondie pour être dévoilée.
Première constatation: il faut s'organiser collectivement. Et bien oui, si tu pars faire "Trick or Treat"(sonner chez les gens pour demander des friandises), basiquement, il n'y a plus personne chez toi pour en donner. A moins de se séparer, mais alors celui des deux qui reste ne profite pas du choupiness des loupiots déguisés et de leurs yeux tous brillants et de leurs mains toutes collantes pendant qu'ils collectionnent les bonbons.
Seconde constatation: les traditions se perdent ma bonne dame. Nous sommes face à un gros dilemme. "Trick or Treat", c'est pour donner des friandises. Or le nouvel américain, en tous cas dans notre Durham de bobo, sait que donner des bonbons à ses enfants c'est mal. Il aimerait bien donner des friandises bonnes pour la santé - ce qui est assez difficile-. On pourrait donner des fruits ou au moins des friandises faites maisons avec moins d'huile de palme, mais là se niche: La grande légende urbaine, que j'ai du entendre au moins 20 fois pendant mon "enquête": la lame de rasoir cachée dans les pommes. Sache donc que tu dois donner des friandises emballées de manières industrielles. Tout sachet ouvert sera impitoyablement détruit: question de prudence et d'hygiène, autre point avec lequel ici on ne badine pas. C'est une grosse faute de goût de vouloir fabriquer toi-même des petites fruits secs fourrés par exemple. Les Américains n'ont pas du tout confiance en leurs voisins pour donner des bonbons aux petits donc: il faut checker les bonbons, et surtout accompagner les petits même s'ils sont grands. En conséquence de quoi, la tradition du "Trick or Treat" se perd. En plus, au bout d'une heure tu en auras un peu marre, et Halloween, c'est sensé être une fête pour tous. Je crois aussi que notre génération ne veut pas vraiment céder la fête aux plus jeunes en restant à la maison pendant que les enfants vont chercher les bonbons: les parents veulent en profiter aussi.
A cause d'un petit peu tout cela, en fait Halloween, ce n'est pas vraiment la fête de rue que je me représentait, spontanée, anarchique. Comme pour le reste, cela s'organise en communauté. Il y a des parties privée dans les bars et les restau. Il y a le centre ville de Chapel Hill qui devient piéton et organise un défilé de zombis et tous les bars servent des chopes. ça me tentait bien, mais on m'a déconseillé ces lieux avec des enfants. Les étudiants américains quand ils se pochent, ils ne le font pas du tout à moitié. Il y a même certaines églises qui organisent des soirées. Mais le principal, c'est l'organisation par neighborhood, c'est à dire par association de quartier. Ces associations sont très développées ici, elles gèrent une grande partie de la vie collective. Et si on veut acheter une maison, on se renseigne d'abord sur le neighborhood; c'est vraiment important. Notre neighborhood fonctionne comme beaucoup avec une liste mail, très active, avec plusieurs dizaine de mail par jour sur tous les sujets. C'est très pratique. Nous nous en servons souvent pour emprunter du matériel. Par exemple aujourd'hui je suis allée rendre un sac de couchage que j'avais emprunté par ce biais. Bref, notre neighborhood organisait une fête autour du parc de notre quartier, les maisons attenantes devant être les hôtes du Trick or Treat, puis il devait y avoir quelques jeux collectifs. Il y a très peu de passage à pied, les rues étant peu éclairées, pas animées (tout le monde étant ailleurs) et très étendues. Seules 5 ou 6 personnes sont passées dans notre rue. Le bac de kit et kat est resté plein à moitié. En même temps, peut-être ont-ils eu trop peur de nos Jack O'Lantern? Et oui, sous un climat subtropical, deux semaines en avance, c'est beaucoup trop. Nos citrouilles ont fait le régal des fourmis, puis elles se sont affaissées petit à petit. La plus grosses s'est effondrée sur elle même la veille de la fête!
Les autres ressemblaient à ça:
Moi non plus je n'aurais pas fait confiance à une maison avec un porche aussi peu sain ;)
Mais cette année en tous cas, nous avons snobé pour aller vers le coeur de l'Halloween de Durham. Le quartier Old West est celui qui traditionnellement prends en charge Halloween pour presque toute la ville. De 16 heures à 18h, avant la nuit, il organise un "Toddler Halloween" pour les moins de 4 ans. Les costumes ne font pas peur, il ne fait pas nuit et les bonbons sont adaptés aux petits. C'est super choupichou. Nous y sommes allés avec Sandrine et ses filles, Ariel et son fils Conor et Junko et ses deux filles, Clara et Emma.
C'est quand même super sympa de voir tous ces enfants costumés, marcher dans la rue, aller timidement dire "hello, trick or treat?" puis "thank you". Nous avons passé un très bon moment. Nous avions essayé d'expliquer à Corentin, mais il a surtout saisi le concept au bout de quelques maisons. Au début il serrait très fort la main d'Alex et Alex l'accompagnait jusqu'au saladier de bonbons. A 6 heure il allait en courant tout seul, même dans le noir, même devant des squelettes animés. Bon il était pas mal dopé au sucre faut dire. On avait adopté la politique de: ce soir il mange comme il veut ce qu'il a, on verra plus tard. Il s'est arrêté de lui même finalement assez vite. Sachez aussi que tous les chiens que nous avons croisé était eux aussi déguisés.
Après notre heure et demi de Toddler Halloween, nous avons enchaîné avec l'institution ici à Durham: le Trick or Treat sur Club Boulevard. C'est le boulevard où tout le monde ou presque participe. Les riverains reçoivent tellement de visite, qu'il y a même des collectes de bonbons les jours avant pour les aider à faire face. L'année dernière il y avait plus de 2000 enfants sur Club Boulevard. Accompagnés de Junko et de son mari Marc, nous en avons parcouru un bout. C'était super festif et vraiment un bon moment. Les riverains prennent la chose au sérieux et plantent souvent de somptueux décors, éclairés, et les récoltants de bonbons ont souvent de beaux costumes, où des familles pleines d'humour. L'ambiance est très gaies et notre Corentin n'a pas du tout eu peur. Il est passé bravement devant des mannequins-squelettes ricanant pour aller remplir son seau.
En terme de quantité c'était raisonnable. Avec tout ce qu'il avait mangé et tout ce que nous lui avions piqué, il est rentré avec un demi seau. Depuis il peut choisir pour chaque goûter deux "bonbons d'Halloween". Il en aura jusqu'à Noël facile à ce rythme. C'est amusant, l'association des dentistes proposent de racheter les friandises que les gens ont en trop(1$ la livre) et les poste aux soldats sur le front...
Après nous sommes partis à un festival à West Point on the Eno, le parc naturel organisait un Hallow-Eno. C'était une tout autre ambiance. Dans la forêt, ils avaient organisés des chemins de lumières pour nous guider vers une "maison hantée" avec trois squelettes en papiers, mais surtout, plus profond dans les bois, vers un feu de camp ou de vieux trappeurs, avec vraiment la tête de l'emploi et pourtant sans costumes, racontaient des histoires d'épouvantes, autour du feu, en s'accompagnant à la guitare entre les histoires. C'était super. Calme, en plein air. Corentin a bien aimé aussi, il n'a pas eu trop peur alors que franchement, il y avait de quoi. Rien que passer le pont couvert de Jack'o Lantern qui brillaient dans la nuit était déjà un acte fort. C'était la manière parfaite de conclure cette parfaite soirée d'Halloween.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire