samedi 24 février 2018

Le Whales watching de la loose

Tous les voyages ont besoin de leur journée de la loose. Ça permet d'avoir une aventure à raconter pour rire au retour et d'apprécier tous les autres jours qui se sont si bien passés. Notre journée de la loose ne fut pas si pire, mais un peu longue. En fait la souffrance en est inégalement répartie.

Les baleines bleues croisent au large de Mirissa de décembre à mars. On peut prendre des bateaux pour espérer les contempler. J'ai eu la chance de voir des cachalots de près en Norvège: c'est un de mes plus beau souvenir d'enfance.
On a donc d'un commun accord décidés de tenter notre chance. Les bateliers annoncent 9 chances sur 10 de voir des baleines, ce qui fait une belle proportion. Depuis plusieurs jours nous avions peur de ne pas avoir de place sur un bateau car cette excursion n'était pas pré-réservée.
Karu nous annonce qu'il faudra de nouveau être prêts à 5H15 (deux jours de suite donc!!) pour avoir une bonne place sur le bateau pour un départ en mer à 6H30.
Nous prévoyions d'être revenus à 11H pour avoir le temps de prendre une douche, fermer nos valises et partir pour notre visite de Galle l'après-midi.
5H15 nous voilà partis, renouvelant une seconde fois l'exploit d'être 12 à partir à l'aube et à l'heure. Malheureusement on n'a presque pas dormi car Sonali a commencé son rhume avec sa grosse fièvre, finalement Elina était encore bien malade, Alex aussi et le virus a commencé son attaque sur moi cette nuit là...
Une demi heure de bus, puis nous traversons le très animé port de pêche de Mirissa. Dans les lueurs de l'aube c'est très beau. Nous arrivons à notre bateau. Il est garé après trois bateaux sur le quai. Nous devons donc passer par dessus trois parapets.
Pendants que je passe précautionneusement d'un bateau à l'autre avec Sonali dans les bras, une touriste pressée passe en même temps que moi et me bouscule car elle veut arriver avant nous! ça donnera un peu le ton de la traversée en sa compagnie.
Nous nous installons, ravis d'avoir des places ensembles, en hauteur, à l'air et avec une vue plongeante pour voir les baleines. Les deux premiers rangs sont malheureusement déjà occupés par un groupe de Hongrois mal-aimables. Nous nous étalons un peu sur les places vides. Il est 6H15, on rigole bien, on est contents. Les enfants râlent un peu parce que les gilets de sauvetages sont inconfortables et qu'ils ont hâte de partir du port.
Et puis les heures passent. Et le soleil fini de se lever. Les pêcheurs rentrent. Les autres bateaux partent. Les enfants protestent. Quand est-ce qu'on part? Avec les barrières ajourées et le peu de place, pas question de les laisser circuler sur le bateau. Et arrive un groupe de 70 chinois? Notre capitaine les entasse sur le bateau d'à côté mais les gardes côtes ne sont pas d'accord: il y a un nombre de passager limité par bateaux. Ils en installent sur toutes les places vides des bateaux environnants. ça dure des plombes.
Finalement 8h moins le quart, nous démarrons... Tout le monde en a déjà un peu marre.
Sur le ticket il y a écrit que le tour dure entre 2 et 6 heures suivant les baleines et qu'à midi on est rentré. Déjà en partant à 8h... raté le lever de soleil et puis on a bien chaud vers 11H.
On vogue, on vogue. Les bateaux sont des coquilles de noix à deux étages et à fond plat, propulsés par un moteur poussif, qui fume, pue et fait un bruit de tronçonneuse. Les bateaux gîtent à mort sur chaque clapotis. Je pense que c'est au bout d'une demi heure que j'ai commencé à avoir sérieusement le mal de mer, à vouloir faire demi-tour, à me demander ce qu'on faisait là et à bien comprendre ce que l'expression "tous dans le même bateau" signifie réellement...
Avec Sonali qui heureusement s'était endormi dans mes bras, comatant dans sa fièvre et moi je me noyais dans mon rhume. Maman a commencé légèrement avant moi. Lucie a vomit, puis Coline. Plus personne ne mouftait trop. On était très occupé à scruter l'horizon, et à respirer lentement. Regarde au loin, ne pleure pas, vomi dans le sac, dort disait-on aux enfants en essayant de faire bonne figure.
Au bout d'environ deux heures à fixer l'horizon en remerciant la providence d'être arrivés sur le bateau après les Hongrois qui en plein soleil au premier rang commencent à former une belle brochette de Hongrois grillés, nous voyons un attroupement de bateaux touristiques mais un peu loin.
Notre capitaine arrive sur le pont pour nous annoncer que dans 10 minutes nous allons voir les baleines, que tout le monde reste bien assis à sa place pour ne pas faire basculer le bateau et pour que tout le monde voit bien. S'il vous plaît restez bien assis. Tout content on réveille les enfants qui s'étaient endormis: Coline, Corentin, Elina, on va voir les baleines, tenez vous prêts!!
On a vu quelques poissons volants. Je ne savais pas du tout que ça volait aussi longtemps, c'est très rigolo.
On repart poussivement sur notre trottinette flottante. Et puis un dauphin a, paraît-il, montré son aileron. Bien sûr tous les chinois du bas se sont précipités, et, vécu d'en haut j'ai cru que le bateau se retournait! J'ai crié tellement j'ai eu peur. Bon j'étais surement un peu fiévreuse et je n'avais rien compris pour le dauphin. En fait je ne voyais que les fesses de ma copine l'énervée du matin qui bien sûr c'était levée et plantée sur le bastingage pile devant moi.
En fait j'étais concentrée sur l'arrêt soudain du moteur du bateau qui m'avait semblé louche. Et je m'y connais en moteur de tronçonneuse noyé... Malheureusement j'avais raison. Panne moteur.
Le bateau danse dans les vagues, accentuant les hauts le cœur. On entend les tentatives de redémarrage infructueuses. On fixe les autres bateaux là-bas qui contemplent surement des baleines.
Et puis je me dis que c'est un avantage quand même qu'il y ait pleins de bateaux, on aura au moins une solution pour rentrer si on ne redémarre pas... Et puis les derniers bateaux nous dépassent sans un regard. Nous voilà seuls dans l'océan sur notre tondeuse noyée avec les silhouettes groupées des autres bateaux au loin.
Heureusement les Hongrois commencent à prendre une teinte rouge brillante qui permettra de nous localiser même de nuit.
Et puis miracle, ça redémarre. J'étais sérieusement partagée entre l'envie de faire demi-tour pour abréger nos souffrances et la curiosité d'aller jusqu'aux baleines qui continuent à s'éloigner...
Notre capitaine a maintenu le cap. Bien motivé à ce que nous trouvions des baleines!
Nous avons croisé tous les bateaux rentrant au port. Tout notre groupe va à peu près mieux, en partie grâce à une tournée générale de pilule anti mal de mer, mais Coline agonise.
Et puis finalement vers 13H: un jet d'eau bien caractéristique. Et ma copine qui se met devant moi avec son i-phone au moment où le cétacé plonge. Là je l'ai engueulé comme une morue qu'elle est. Elle est repartie à sa place. J'ai donc profité de la deuxième baleine: jet caractéristique, arrondi du dos, plongée avec la queue apparente. waoh!!
On attend encore un peu mais plus rien, elles se sont de nouveau éloignées. Le capitaine annonce un retour au port. Je lui demande dans combien de temps. Il me répond 3H!!!
Corentin m'a enchanté avec son positivisme: il a dit "moi je suis content, on a vu trois poissons volants, un dauphin, une tortue et deux baleines!" Un vrai breton celui là :)
C'est long 3H de plus en direction de la côte...
Finalement nous avons atteint le port à 16h30!! Terre!! terre!! Je ne l'avais jamais trouvé aussi beau ce port!
 à droite notre "bateau"
Nous avons vu de très jolis poissons dans le port dont des poissons lunes le long des cordages!


C'est complètement exténués que nous avons atteint l'hôtel et là, mauvais accueil, mauvaise surprise: ils voulaient nous facturer 200$ car nous n'avions pas libéré les chambres avant midi! Ils n'avaient pas fait les chambres, par contre ils avaient sorti l'antibiotique d'Elina du frigo! Après négociation on en a été quitte pour 50$ mais c'était bien désagréable. Et puis pas de douche. En plus notre visite de Galle était à l'eau, c'est le cas de le dire. C'est épuisés, grillés et un peu moroses que nous sommes partis vers notre dernière étape: Hikkaduwa.
En arrivant à Hikkaduwa, Karu notre guide érudit nous a quitté pour prendre en charge un groupe de Français qui venaient faire un circuit spécialement culturel. Un jeune guide très sympa aussi l'a remplacé, Nareen. Corentin était très triste du départ de Karu. Il a beaucoup pleuré. 

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