lundi 13 juin 2016
dimanche 12 juin 2016
Elle est née à la maison
Ceux qui suivent bien le savent déjà,
Sonali est née à la maison. (Pendant la semaine mondiale de l'accouchement respecté, la classe!)
Ce n'est pas très habituel, et j'ai eu maintes questions à ce sujet.
Oui c'était un choix, c'était prévu et c'était génial!
J'avais promis d'en raconter un peu plus, voici le déroulé et un peu d'explications pour les plus motivés, en fin d'article. Je n'ai jamais de temps pour écrire, entre les tétées qui durent des heures et reviennent tout le temps et Elina qui ne dort jamais... Désolée à tous ceux à qui je voulais répondre. Je pense à vous très souvent. Juste impossible d'écrire et difficile de téléphoner. L'arrivée de sa petite soeur est un peu compliquée pour Elina et elle ne dort plus. (Pas de sieste, endormissement vers minuit, réveil vers 7H, souvent dans la nuit aussi. C'est dur, vivement que cette période soit derrière nous!)
Par chance, grâce à mon amie Claire, j'ai contacté Viviane qui a accepté de nous rencontrer, Alex et moi, pour discuter d'un accouchement à domicile. Restait à convaincre Alex, qui bien que prêt à m'accompagner dans mes choix était un peu flippé à l'idée que j'accouche à la maison. Flippé pour des raisons médicales et aussi pour des raisons pratiques.
C'est là que l'entrevue avec Viviane était géniale. Elle a su trouver les arguments et les mots pour mon rationnel de mari: statistiquement, à partir du deuxième enfant il y a moins de risque à la maison qu'à l'hôpital alors que ces statistiques incluent les accouchements à domicile non préparés qui ne sont pas discernés des accouchements à domicile prévus dans les chiffres en France. Elle a déroulé les risques qui existent, la différences dans leur prise en charge entre le domicile et l'hôpital, sa façon d'agir, de penser, le protocole médical à respecter. Des explications aussi entre les complications induites par l'adrénaline, hormone du stress qui dérange les hormones naturelles de l'accouchement endorphine et ocytocines. Des bonnes explications scientifiques et médicales, bien assumées, qui ont complètement convaincu Alex.
Accoucher à la maison, c'est encadré: on doit être dans les temps, avec un bébé en pleine forme, une maman en pleine forme, un bébé qui se présente dans le bon sens... Jusqu'au dernier moment on ne sait pas si on va pouvoir le faire. Et la sage-femme est le capitaine du navire: elle s'engage pleinement et elle n'est pas là pour prendre des risques inutiles. Ce n'est pas un accouchement "à l'ancienne" où nos grands mères n'avaient pas eu une seule écho. Là j'ai eu le même suivi médical que tout le monde. Juste en mieux ;) Questions pratiques c'est hyper simple: des draps, des gants, des bassines, des compresses, une bâches sous les draps et tout le matériel médical c'est la sage-femme qui l'amène dans deux sacs de voyage.
Sonali est restée en position transversale dans mon ventre un bon moment, et je craignait qu'elle ne choisisse la position en siège ou pire de rester transverse.
Elle s'est finalement mise la tête en bas le 8 avril. Ensuite, pas question qu'elle ne fasse des heures sup comme sa sœur, c'était un peu ma crainte.
J'ai bénéficié pendant toute ma grossesse de l'accompagnement global, respectueux, encourageant, stimulant de Viviane et rien que pour ça, ça valait le coup. Une prise en charge de la grossesse, sans effet nocebo, c'est à dire qui de donne des inquiétudes là où il n'y a pas lieu d'en avoir (cf http://age-de-lait.over-blog.com/article-36575168.html). Une personne qui gagne pleinement ta confiance en acceptant d'entendre tes ressentis et de les considérer immédiatement comme des informations importantes. Wouahou. Une sage-femme hyper impliquée dans son métier, à la pointe des informations en ce qui concerne l'allaitement, les déchirures du périnée, l'alimentation...
Je ne suis pas montée sur la balance. Pas de toucher vaginal puisque pas de contraction.
Je peux vous dire que les 4 fois où j'ai vu la sage-femme de la maternité pour y avoir un dossier rempli, j'ai pu apprécier la différence. "bon je crois que je vais lui faire un GPO à la dame vu la prise de poids" (14kg, pour moi c'était très bien...) elle, elle voulait tester mon diabète gestationnel par un test dégueu alors que deux minutes avant elle me disait que mon bébé était trop petit. J'ai refusé, elle m'a parlé avec condescendance, elle a aussi tenté l'autorité et puis à partir de là elle était plutôt méprisante les autres fois.
Bref, avec Viviane c'était le pied. Et cette mise en confiance dans ton corps, dans ton bébé, qui t'amène à envisager l'accouchement avec une très grande sérénité. Et puis au fur et à mesure que ça s'approche, des petits sms pour prendre des nouvelles, une grande disponibilité. Une conversation au téléphone un dimanche soir à 2H du matin parce que j'avais un "pré-travail" qui s'est finalement arrêté.
Voilà.
Pas facile de trouver les mots pour faire ressentir tout ça. Parce que c'était ça aussi mon accouchement: cette préparation, cette force que l'on fait croître en même temps que son bébé et qui permet à l'arrivée de se sentir prête et sereine pour le travail de l'accouchement. Une préparation aussi avec une autre sage-femme, plus près de chez moi: Mélanie, des séances de piscine prénatales, une séance pour les positions de travail, une révision de la méthode Bonapace, des sons pour accompagner les contractions, des lecture sur l'hypnonaissance...
et un super Blessing Way le 8 avril chez Claire avec un petit groupe d'amies où nous nous sommes données de l'amitié, du soutien et beaucoup de force pour ce travail à venir.
Le jeudi 19 mai, c'était le lancement du festival créamôme, un festival artistique à côté de chez nous. C'était aussi un jour de grève et maman était à Bordeaux avec mes nièces qui n'avaient pas d'école. Elle devait dormir là-bas. On s'est retrouvé pour un pique-nique et le spectacle le soir, avec aussi nos amis Claire, David et leurs enfant. C'était une très chouette soirée. Et subitement j'ai insisté: rentre maman s'il te plaît ça me rassurerait vraiment. Comme elle est très cool, elle est rentrée après avoir couché mes nièces, elle est arrivée à la maison vers minuit.
A 3h30 du matin, je suis réveillée par des contractions très puissantes. Et là, j'ai su directement que c'était parti. Un peu échaudé par le pré-travail de la semaine précédente, Alex a mis un petit moment à se laisser convaincre. Moi j'ai commencé le travail. A 4H, nous avons appelé Viviane qui s'est mise en chemin. Nous avons réveillé maman. Elle a aidé Alex a organiser la maison, puis ils ont mis Corentin et Elina dans la voiture et Maman, Corentin et Elina sont partis finir leur nuit chez mon frère et ma belle sœur à Bordeaux.
J'ai envoyé des petits textos; et des photos de bougies allumées un peu partout pour penser à moi sont arrivées. Si vous prévoyez d'accoucher bientôt, ça peut paraître cul-cul mais c'est hyper agréable et encourageant de savoir qu'une communauté choisie pense très fort à vous pour ce moment particulier.
Moi aussi j'ai allumé ma bougie et quelques autres dans le salon. On a mis la playliste préparée par Camille.
C'était sur un grand matelas par terre, dans le salon, que je me sentais le mieux. Viviane est arrivée vers 5h, elle m'a fait un monitoring. Tout allait bien, les contractions étaient très puissantes, très rapprochées pendant un temps puis me laissaient un peu de répits avant de repartir en salves. Viviane a insisté pour que je boive un peu d'eau, un peu de jus de fruit. Elle a commencé les massages dans le dos, l'accompagnement, pleinement présente pour m'aider à prendre mes contractions, à être positionnée confortablement, à récupérer. Alex a pris aussi pleinement sa place, plutôt près de mes mains. C'était incroyable. J'étais complètement shootées aux hormones, en pleine conscience, totalement en harmonie. A des moments j'étais complètement déconnectée et à d'autres très présente.
Il fallait que je bouge pas mal parce que Sonali se présentait en postérieur, c'est à dire son dos contre mon dos, ce qui n'est pas le plus favorable pour la sortie (et qui fait hyper mal quand elle appuis dans les reins). Le jour s'est levé doucement. Sonali descendait et remontait. Et puis le moment de poussée est arrivé. C'était dur parce que tout mon corps poussait, poussait pour la faire sortir mais elle était toujours mal positionnée, donc elle remontait et j'avais de nouveau des contractions.
Viviane a fait un monito, tout allait bien pour Sonali. Viviane avait une présence et des paroles super encourageant tout en expliquant ce qui se passait tout doucement et je n'étais pas du tout inquiète, juste portée par sa voix. Enfin c'est arrivé. J'ai pris appui autour du cou d'Alex. Puis sur ses genoux. Sonali avait tourné, elle avait trouvé la bonne position. Là en trois poussées hyper puissantes elle est descendue, avec sa poche des eaux qui s'est rompue à ce moment là. Alors elle a un peu glissée des mains de Viviane et elle est arrivée sur le matelas. J'ai eu une seconde de flippe toute seule parce qu'elle avait trois tours de cordons autour du cou. Mais apparemment j'étais la seule parce qu'elle était bien rose et superbe. Viviane l'a immédiatement déroulée, me l'a confiée. Elle m'a installé bien confortablement sur mon matelas, avec ma couette, pour la suite des soins. A 7h30, ce vendredi 20 mai, Sonali et moi étions les reines du monde!
Vous pouvez écouter cette jolie chanson :) elle me file des gros frissons maintenant
Déjà qu'Alex n'est pas très photos, mais dans le feu de l'action il n'a pas été vraiment performant.
Pesée, mesurée, câlinée. Paisible mademoiselle à quelques minutes de vie.
Ensuite, et bien c'est ça le plus fou. La vie reprend. Normale. Viviane range un peu. Alex est parti acheter des croissants à la boulangerie. On a petit déjeuner tous les quatre (Viviane, Alex, Sonali et moi). Et puis Viviane est partie. ça fait comme une coupure de cordon, on voudrait qu'elle reste encore comme un ange dans la maison.
Et puis j'ai fait un petit dodo en attendant mes grands qui sont bien vite arrivés, amenés par leur mamie émue, et avec des fleurs pour fêter ça.
Et puis on s'organise, à la maison. Tranquille, en douceur. Avec toute sa vie autour de soi, pas de bip, pas de passage impromptu. Des bons repas cuisinés par ma maman. Une visite par jour, au début Mélanie et puis le lundi Viviane à nouveau. Le lundi aussi on a emmené Sonali chez le médecin pour tous les test. Elle allait impeccablement bien. Et moi aussi.
Bon, ça fait mal hein, c'est quand même un vrai accouchement. Y'a un bébé de 3kg400, avec un périmètre cranien de 36 cm qui a traversé mon bassin. Mais si je devais re-choisir, je re-choisis tout comme ça, c'était parfait (pour un accouchement :)
je vous invite à lire ça en BD là:
http://www.temesira.org/laccouchement-physiologique-en-bd/
Parce que j'ai vécu pour Corentin un accouchement au CHU, protocole banal: péridurale "imposée" à force de non-accompagnement, violence ordinaire du monde hospitalier, accouchement non respecté, mutilation génitale (aka épisiotomie abusive) comme des millions de françaises. Un accouchement non pathologique qui l'est devenu à 7h30, l'urgence vitale du changement d'équipe...
Parce que j'ai vécu pour Elina un suivi de grossesse non invasif, respectueux pour la mère et l'enfant d'une équipe de sage-femme non assujetties à ce type de protocole patriarcal et paternaliste, j'ai eu la chance de vivre un accouchement accompagné, assisté, respecté dans une maison de naissance aux Etats-Unis, ceci malgré un dépassement de terme de 10 jours et un déclenchement qui ne m'a pas pour autant contrainte aux méthodes invasives ni clouée dans la "position gynécologique".
Parce que je voulais ça pour la naissance de Sonali: être respectée dans la naissance, pour elle et pour moi.
Isabelle Brabant, une sage-femme, écrit dans son livre que la naissance est comme une ascension vers un sommet. On arrive toutes en haut. On peut y aller en télécabine ou à pied, parfois même y être déposée en hélico. On ne choisi pas les conditions météo et on ne peut éviter tous les accidents de parcours. Mais on peut choisir sa préparation et son guide.
Et je refuse de laisser les conditions de la naissance et la personne pour me guider entre les mains du hasard. J'ai trop compris combien c'était important. Pour accoucher c'est ça qui fait la différence: la préparation et la sage-femme. Autour de moi, combien d'accouchement malmené? De naissance gâchées? J'avais vraiment peur de ça. Se retrouver à l'hôpital, en plein accouchement, c'est à dire très vulnérable, contrainte d'accepter un protocole prévu pour un combo: péridurale-solitude-ocytocine-épisiotomie-défilé médical...
En France, peu de possibilité alternative. La naissance respectée est encore une bataille qui reste à gagner pour les femmes et leur compagnon, et aussi leurs bébés.
L'institution hospitalière a l'habitude de décider pour les individus ce qu'ils doivent faire.
L'institution hospitalière a l'habitude de décider pour les individus ce qu'ils doivent faire.
Ici à Bordeaux, une maison de naissance, très chère, adossée à un hôpital ne m'avait pas trop convaincue. Les témoignages sur la maternité "amie des bébés" du coin divergent: ça dépend de l'équipe sur laquelle on tombe. Bref. Et il y a aussi deux sage-femmes qui pratiquent l'accompagnement global et l'accouchement à domicile, MERCI à elles!!
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